Par Sophie Chapelle (2 octobre 2013)
Neuf mois après son lancement officiel à Bayonne, où en est l’Eusko, la monnaie locale du Pays basque ? 466 entreprises, commerçants, artisans et associations, et 2 300 particuliers ont déjà rejoint l’Eusko [1]. « 170 000 euskos sont aujourd’hui en circulation, » décrit Xabi Camino, salarié d’Euskal Moneta (Monnaie basque), l’association qui coordonne le projet. « C’est autant d’euros actuellement placés à la NEF (société financière éthique et partenaire du Crédit Coopératif, ndlr) en vue de les utiliser pour des projets d’économie solidaire ». Le succès est tel que l’association a embauché cinq personnes cette année.
« Le développement du réseau de l’Eusko demande beaucoup de temps, confirme Xabi. On s’inscrit dans un réseau d’acteurs identifiés pour développer l’économie locale et on s’entoure au maximum de partenaires et de collectivités locales ». Pour éviter une trop forte dépendance aux subventions, les basques demandent le paiement d’une adhésion : de 5 à 20 euros pour les particuliers, de 10 à 100 euros pour les associations et de 60 à 240 euros pour les entreprises. Des contrats aidés [2] et le soutien financier de l’agglomération de Bayonne ont parallèlement contribué à « soulager le budget ».
Comme dans tout projet, l’idée, une fois mise en pratique, s’est heurtée à quelques obstacles. Pour faciliter les échanges entre commerçants et fournisseurs, un travail de longue haleine a été mené sur la dématérialisation de l’Eusko et la mise en place des virements électroniques. « Il y a également un travail perpétuel à faire auprès des utilisateurs pour leur expliquer l’intérêt d’utiliser une monnaie complémentaire », souligne Xabi (lire à ce sujet notre reportage).
Autre aspect, chaque usager de cette monnaie complémentaire peut choisir de parrainer une association. Dès qu’une structure réunit une trentaine de parrainages, elle reçoit 3 % des sommes converties en Eusko par ses « parrains ». En changeant chaque mois 100 euros contre 100 euskos, un groupe de 30 personnes peut ainsi permettre à une association de toucher plus de 1 000 euskos par an (1 eusko est égal à 1 euro). Au mois de juillet, 23 associations étaient parrainées et se partageaient 5 200 euskos. « Si on double le nombre de nos utilisateurs, on peut vite monter à des chiffres intéressants », remarque Xabi.
Le forum Alternatiba qui se tiendra ces 5 et 6 octobre à Bayonne sera sans doute l’occasion d’élargir le nombre d’usagers. L’Eusko sera en effet la monnaie officielle de tout le village alternatif. A l’heure actuelle, 2 500 systèmes de monnaies locales et solidaires sont recensés à travers le monde, dont une vingtaine en France. Avec plus de 2 700 utilisateurs, l’Eusko est devenu la première monnaie locale de l’Hexagone.
Notes
[1] Ils étaient près de 190 entreprises, commerçants, artisans et associations, et environ 600 particuliers en janvier 2013 lors du lancement de l’Eusko.
[2] Quatre des salariés de l’association bénéficient d’un contrat aidé (CAE), le cinquième est en CDI.
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