Affaire de Tarnac : Julien Coupat et Yildune Lévy sont relaxés

jeudi 12 avril 2018
 Affaire Tarnac : Julien Coupat et Yildune Lévy relaxés  pour le sabotage d'une ligne SNCF

Ce 12 avril, le tribunal a relaxé Julien Coupat et Yildune Lévy, poursuivis pour « association de malfaiteurs ». Dix ans après le début de l’affaire dite « de Tarnac », la justice reconnaît donc les erreurs de la police antiterroriste dans un incroyable renversement de situation.

Fiasco ou pas ? C’était la question qui planait sur le procès de l’affaire dite « de Tarnac » depuis son commencement le 13 mars dernier. Ce 12 avril, après un mois de procès où les huit prévenus se sont acharnés à démontrer l’inanité de la justice et de la police antiterroriste, Julien Coupat et Yildune Lévy ont été relaxés des accusations d’association de malfaiteurs, et de dégradation des lignes SNCF. Pour rappel, le procureur avait requis quatre ans de prison dont 42 mois avec sursis pour le premier, et deux ans dont 22 mois avec sursis pour son ex-compagne.

“L’audience a permis de comprendre que le groupe de Tarnac était une fiction”

C’est donc bien un désaveu cinglant pour les enquêteurs. Le tribunal l’a exprimé de la manière la plus explicite : “L’audience a permis de comprendre que le groupe de Tarnac était une fiction”. Seul le prévenu suisse (absent ce jour) est déclaré coupable des faits de « tentative de falsification de documents d’identité ». Mathieu Burnel, Benjamin Rosoux et Elsa Hauck ont été relaxés des faits de « refus de prélèvement ADN », car « ils étaient légitimes à refuser ces prélèvements », selon le tribunal. Ce n’était pas le cas en revanche pour Julien Coupat et Yildune Lévy, reconnus coupables de « refus de prélèvement ADN ». Mais ils ont été dispensés de peines en raison de l’ancienneté des faits. La seule peine retenue est celle de 4 mois de prison avec sursis et 500 euros d’amende avec sursis à l’encontre de Christophe Becker.

Après dix ans d’enquête dans une affaire hautement politique, au cours de laquelle les prévenus ont été accusés d’“association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste”, l’accusation s’est donc effondrée comme un château de cartes. Le jugement de la présidente du tribunal de grande instance de Paris, Corinne Goetzmann s’est avéré très sévère pour les services antiterroristes de l’époque, ainsi que pour le parquet.

Dix ans de poursuites pour un procès qui accouche d’une souris

L’affaire commence en novembre 2008, il y a dix ans. Lors d’une opération policière de grande ampleur, un groupe d’anarchistes qui vivaient dans une ferme en Corrèze, à Tarnac, est arrêté. Ils sont soupçonnés d’avoir participé au sabotage de lignes SNCF quelques jours auparavant. Le ferme du Goutailloux est alors censé être une “base arrière aux actions violentes”, et ses résidents constituent alors aux yeux du procureur Jean-Claude Marin une “association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste”.

Mais au fil du temps, les services de police ont été incapables de prouver leur implication. Le PV D104, principale pièce à charge contre Coupat, qui était filé par la police la nuit du sabotage, a été jugé irrecevable en raison de des erreurs qu’il contient. Quant aux appels à l’insurrection publiés par le Comité invisible dans L’Insurrection qui vient, dont la paternité est attribuée par les enquêteurs à Julien Coupat et ses amis, ils n’ont pas non plus suffi. “Le vide de cette histoire a été comblé par des mots”, ironisait Eric Hazan, l’éditeur du Comité invisible, dans un récent documentaire. Ce 12 avril, la justice lui donne raison. En reconnaissant les erreurs du parquet et de la police, la justice va-t-elle apparaître comme moins partiale aux ex-prévenus ? Toute la durée du procès, ils n’ont pas cessé de railler son manque d’objectivité. Leur avocat, Jérémie Assous, a réagi à la fin du procès : “C’est une humiliation pour les services antiterroristes de l’époque, le juge d’instruction et le parquet !”.

https://www.lesinrocks.com/2018/04/...

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