Grève générale en Grèce : pas d’été indien pour le gouvernement !

Jeudi 12 novembre 2015, mise à jour Vendredi 13 novembre 2015,
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La grève générale de ce 12 novembre était un pari : bientôt deux mois après l’élection du nouveau gouvernement de Tsipras version memorandum, il pouvait y avoir un doute sur la volonté des travailleurEs de s’opposer dans la rue à un gouvernement qu’une bonne partie d’entre eux avaient choisi de reconduite, faute de perspective de masse à gauche.

Il semble que la grève ait été bien suivie dans le secteur public. Pour le privé, on attendra des chiffres précis dans les jours qui viennent. Par contre, les manifs qui se sont tenues dans le pays, même si elles n’ont bien sûr pas été un ras de marée, étaient partout de bonne tenue, avec au moins 30 000 manifestantEs à Athènes. Les cortèges par contre étaient organisés comme habituellement : le courant du KKE de son côté, avec pas loin de 10 000 manifestantEs ; plus de 10 000 avec la Confédération GSEE et la Fédé du Public ADEDY, et un gros cortège de milliers de syndicalistes avec les syndicats de base et Antarsya qui avait soigné la préparation politique de cette journée de mobilisation.

Les discours entendus feraient frémir les dirigeants réformistes des syndicats français : du côté de GSEE, qui reste à direction PASOK et a évidemment tout fait pour étouffer la combativité des travailleurEs ces dernières années, on déclare : « Le gouvernement, revenant sur ses promesses électorales, continue les politiques d’austérité et de misère, en appliquant un nouveau memorandum aux conditions très dures et très lourdes […]. La grève du 12 novembre constitue la mère des batailles face au nouvel ouragan des mesures qui feront reculer le niveau de vie de la société grecque. Tous ensemble nous pouvons empêcher le pire et revenir sur les mesures antérieures ! ». Lors du rassemblement de PAME, le dirigeant du KKE a de son côté proclamé : “A partir d’aujourd’hui peut se produire un nouveau départ, avec une extension du combat populaire. Chaque lieu de travail, chaque quartier, chaque secteur doit devenir une poche de résistance, pour développer les luttes et la solidarité […]. Tous ensemble nous pouvons imposer des changements radicaux à l’économie et à la société, pour le bien de notre peuple.”

Radical tout cela, non ? Ne nous y trompons pas : ces discours flamboyants ne correspondent pas à la massivité de la mobilisation, sans rapport avec les journées de 2011 par exemple, où défilaient à Athènes des centaines de milliers de travailleurs. Mais surtout, le discours des bureaucrates grecs peut être souvent radical, en réalité ils ne craignent rien autant que le “Tous ensemble”, comme on a pu le voir la semaine passée avec l’arrêt imposé par le KKE à la grève dans les ports. Si on ajoute les clarifications indispensables autour des anciens ou toujours membres Syriza (qui se sont aujourd’hui quelquefois frottés les uns aux autres dans les cortèges, Syriza et LAE-Unité Populaire étant dans la même tendance syndicale), on voit que le chemin des mobilisations de masse n’est pas aussi simple que beaucoup le souhaiteraient. Nous reviendrons évidemment sur cette question, et sur l’importance de la structuration des syndicats de base, en lien avec des recompositions politiques indispensables.

D’Athènes le 12 novembre 2015, A. Sartzekis

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